Le Centre Pompidou consacre une exposition à luvre de Charles-Edouard Jeanneret, dit Le Corbusier.
A l'occasion de la 6ème édition du Nouveau festival, l'accès à la Galerie Sud et à l’Espace 315 est illimité du 15 avril au 20 juillet 2015, sur présentation obligatoire du billet « Musée & Expositions » acheté durant cette période uniquement.
Architecte et urbaniste visionnaire, théoricien de la modernité, mais aussi peintre et sculpteur, Le Corbusier a profondément marqué le 20e siècle en bouleversant la création architecturale et la façon « dhabiter ». Le Centre Pompidou invite le public à comprendre tout luvre de cette grande figure de la modernité à travers la notion de proportion humaine, le corps humain simposant comme un principe universel définissant toutes les dimensions de larchitecture et de la composition spatiale. La conception du Modulor (1944), silhouette dun corps humain d1,83 m, formalise un système de proportions basé sur le nombre dor et permettant dorganiser une harmonie de toutes constructions spatiales directement définie selon la morphologie humaine. Pourtant le Modulor qui simposera comme un véritable système normatif pour de très nombreux architectes, régulant aussi bien la forme des intérieurs que la proportion des constructions semble avoir été interprété comme un instrument métrique, une mesure purement abstraite organisant larchitecture selon une rationalité géométrique. Lexposition revient sur les sources de la conception du corps chez Le Corbusier, un corps en mouvement qui définit sa notion de leurythmie (lun des cinq fondamentaux de larchitecture, le « bon rythme », la proportion). Il aborde ce principe au tournant des années 1910 sous linfluence de lécole dHellerau, une cité-jardin près de Dresde où son frère, Albert Jeanneret, suit les cours du compositeur et pédagogue Émile Jaques-Dalcroze. Au sein de ce lieu dexpérimentation artistique majeur, ce dernier propose une méthode rythmique qui enseigne la musique et la chorégraphie dans une pédagogie du mouvement fondée sur la perception physique, une cognition de lespace organisée par les interactions entre espace, temps, énergie. Ces notions influenceront profondément Le Corbusier.
Tandis que Le Corbusier effectue un stage chez larchitecte Peter Behrens (1910-1911) en Allemagne, où il croise Mies van der Rohe et Walter Gropius, il publie en 1912 une Étude sur le mouvement des arts décoratifs en Allemagne et sinscrit aux prémisses du Werkbund (mouvement de promotion de linnovation dans les arts appliqués et larchitecture fondé en 1907) et du mouvement des cités-jardins. Aux sources, on trouve le mouvement de la Lebensreform (réforme de la vie), une recherche dharmonie ancrée sur les théories psychophysiques du philosophe allemand Gustav Fechner et du psychologue Wilhelm Wundt. Le Corbusier sen nourrit pour concevoir une dynamique et une esthétique de lespace désormais régies par le rythme et le mouvement, avec lidée dun corps qui perçoit. Linfluence de ces notions sera décisive sur sa peinture et tout son uvre, à travers la définition de « lesthétique scientifique ».