À l’heure actuelle, les services épigraphiques de l’Inde ont recensé plus de trente mille inscriptions dans la langue et l’écriture kannada a avec insertion de mots ou de versets en sanskrit. Parfois il nous arrive de trouver, surtout dans des inscriptions du XIe au XIVe siècle, quelques strophes en prakrit, langue soeur du sanskrit. Jusqu’à la fi n du XIVe siècle les textes étaient gravés sur des stèles bien préparées pour cette occasion, parfois de grandes dimensions, dressées dans l’enceinte de temples (fig. 1). Ensuite est survenu un changement de style de gravure de chartes. On les voit écrites sur les murs des monuments, des piliers, parfois sur le sol en dalles de pierre. Surtout à Hampi-Vijayanagar on en trouve même sur des rochers naturels, car cette cité est entourée de collines rocheuses (fig. 2).

Hampi-Vijayanagar a été du XIVe au XVIe siècle la capitale d’un puissant empire qui a englobé tout le Sud de la péninsule indienne, avec pour limites l’océan Indien à l’ouest, à l’est et au sud, la rivière Krishnā au nord. Un des titres royaux était catussamudrādhipati, «maître des quatre océans » . Bien que la Krishnā ā soit une rivière, pour justifi er ce titre la rivière était considérée comme le quatrième océan (fig. 3). Dans les sources indiennes, inscriptions et textes littéraires cet empire est toujours appelé «Empire du Karnātaaka » . À la suite de chroniqueurs portugais du XVIe siècle, l’usage des historiens modernes est de l’appeler d’après le nom de sa capitale «Empire de Vijayanagar ».

Cet empire, sa capitale et ses souverains ont eu une réputation éclatante au-delà des mers, notamment au Moyen-Orient, en Europe et en Chine. Des voyageurs italiens, des marchands de chevaux portugais, un voyageur russe et un ambassadeur de Perse nous ont laissé leurs réminiscences qui ont une valeur importante pour l’histoire, même s’il faut prendre certains de leurs récits avec précaution. Les documents que les Chinois ont laissés ne sont pas encore exploités dans le vrai sens du terme. Dans les annales des Ming, il y a des références à des ambassadeurs de Vijayanagar en Chine.